LAntimouche
En 1969 Monique Duplantie et moi avons créé L’ANTIMOUCHE à la bibliothèque nationale rue St-Denis. En 1985, L’Eskabel, pour ses quinze ans, reprenait cette pièce EN MÉMOIRE d’Albert et en hommage à sa compagne et amie de L’Eskabel Louise Martin.

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L’antimouche du théâtre de L’Eskabel ne fera pas d’indifférents. C’est même plutôt le genre d’expérience théâtrale qui s’amorce dans l’inconfort, se vit dans la perplexité et se termine dans la réflexion. Face à l’Antimouche, la réflexion a tour à tour pris le chemin de la révolte, de l’ennui, du mépris puis du contentement. Bref, tous les chemins, en effet, sauf celui de l’indifférence.

Il faut dire que L’Eskabel a l’habitude de provoquer et de se sentir hors des sentiers battus. Ce théâtre n’a jamais promis de présenter quelque œuvre classique que ce soitsauf une des siennes. C’est donc à l’année de son quinzième anniversaire qu’il décide de reprendre une pièce qu’il a écrite et présentée en 1969 : l’Antimouche.


Nous voici dans la tête de Zrongue. Son univers intime, ses fantasmes, ses contradictions, ses peurs s’emmêlent, se livrent à sa conscience, se déchirent, évoluent.

Zrongue fait face aux choix avec effroi. Pour son âme chaotique, le Bien et le Mal ont le même visage.

Dans un long monologue, les diverses factions de la conscience de Zrongue se font la guerre et se dominent tour à tour. Un peu, à vrai dire, comme les différentes écoles de pensée d’une société.

Zrongue et ses interrogations appartiennent beaucoup plus naturellement à l’époque à laquelle l’Antimouche a été écrit qu’à l’année de la jeunesse. En 1969, le Québec remettait en question ses valeurs traditionnelles, et le théâtre se faisait précurseur, en criant tout haut les questions que chacun se posait tout bas. En matière de message, on ne peut donc pas dire que l’Antimouche soit vraiment actuel. Cependant, il n’en est pas moins exceptionnel.

L’Antimouche ne s’adresse pas à la raison du spectateur pour lui transmettre l’angoisse de Zrongue. C’est justement le choix qui, à prime abord, donne à l’Antimouche une façade pseudo- intellectuelle choquante, un hermétisme apparemment si volontaire qu’il est bien tentant d’inviter la troupe à aller poursuivre dans les coulisses son monologue de sourds. Puis, la magie du metteur en scène faisant son œuvre, le spectateur comprend que les mots ne s’adressent pas à sa raison, mais à ses sens.

Il comprend - parce qu’il le vit – que les mots empruntent la voie des sens, pour se joindre à la musique, aux sons et aux gestes qui se répandent dans la salle et sont – eux – bien naturellement interprétés par les sens. L’effet est saisissant : le jeu passe par la lumière et les ombres, par les intonations tantôt criardes tantôt calmantes de voix venues du vide, ainsi que par la mise en mouvement remarquable des douze personnages sur scène. Couleurs, sons et même résonance se font acteurs. On parle donc véritablement ici de magie : le message ne nous parvient désormais plus par l’esprit, mais par l’être tout entier.

LE MOINE de Lewis, raconté par Antonin Artaud

Adaptation et mise en espace
  Jacques Crête
 
Musique
  Serge Le Maire
 
  Le moine : Roger Blay
  Agnès : Marguerite Lemir
  L'abbesse : Hélène Élise Blais
  Baptiste : Jacques Filion

L’Antimouche propose d’assister éveiller à un songe. C’est un spectacle qu’il ne faut pas chercher à comprendre sur-le-champ, un peu comme les rêves, dont on ne s’occupe d’interpréter les symboles ou la poésie qu’une fois sorti du sommeil.

Celui qui assistera à l’Antimouche comme à ses rêves aimera.

Celui qui y assistera en compagnie d’une raison bien vigilante n’aimera pas.

CONIVENCES, Marie-Carole Daigle